28 novembre au 2 décembre 2010
L’état Shan au nord-est du pays est une vaste étendue sauvage peuplée de groupes rebelles et de seigneurs de la drogue qui vivent dans ses mystérieuses montagnes largement inexplorées et non accessibles aux touristes. Tout au sud du Shan toutefois, le lac Inle nous offre un monde merveilleux : des villages entiers battis sur pilotis, des jardins flottants où abondent les tomates et autres légumes, des monastères et stupas sur ses rives et des centaines, des milliers de bateaux, petits et gros, motorisés ou non. La meilleure façon de bien savourer le lac, c’est de louer un bateau à moteur avec chauffeur et de se balader sur le lac de l’aube jusqu’au crépuscule, à toute heure du jour, c’est magnifique.
Les touristes voyagent à 5 par bateau assis confortablement dans un siège alors que les locaux s’entassent par dizaines dans le même type d’embarcation avec les victuailles en plus ! Nous avons partagé nos deux jours de visite du lac avec un couple français, Françoise et Philippe et leur fils de 12 ans, Matis, des voyageurs d’expérience qui ne comptent plus leurs séjours en Asie. Des gens absolument charmants qui sont rapidement devenus des amis. C’est aussi ça le voyage : de belles rencontres avec la population locale mais aussi parfois avec d’autres touristes.
On accède au lac depuis le village de Nyaungshwe relié au lac par un large canal de plus de 4 km de long. Chaque côté du canal, des habitations et des champs en culture; la terre est fertile ici grâce à tous les sédiments apportés lors de la mousson alors que les niveaux d’eau montent considérablement.
Une fois rendus sur le lac, dans la brume matinale, le spectacle est tout simplement sublime ! Notre chauffeur ralentit et s’arrête même pour nous permettre d’observer les pêcheurs traditionnels, debout sur la plate-forme arrière de leur petite barque en bois. Le lac est peu profond, 5-6 mètres, moins par endroit. Debout, ils peuvent donc voir les poissons et lancer leur filet ou leur nase pour les attraper. C’est aussi en position verticale qu’ils font avancer leur petite embarcation avec la pagaie coincée entre une jambe et le torse. Ils pagaient avec tout leur corps, gardant leurs mains libres pour pêcher. Mouvement gracieux et calme qui se répète depuis des siècles et des siècles… On dit que l’ethnie Intha qui habite les villages sur le lac s’y sont installés parce que quand ils sont arrivés dans la région, toutes les terres autour du lac étaient déjà occupées. Par nécessité donc, ils ont développé une culture et un style de vie qui leur a permis de survivre et maintenant de bien vivre, les jardins flottants étant très florissants. On dit même qu’à un certain moment de l’année, les tomates du lac Inle fournissent tout le Myanmar !
Village sur pilotis sur le lac Inle |
Les jardins flottants sont des bandes de végétation flottante qu’on découpe de la rive où celles-ci se sont entassées. On y ajoute d’autres végétaux et lorsqu’on atteint une épaisseur de 1,5 mètre, on les ancre au fond de l’eau avec des longues tiges de bambou. Les végétaux du dessus se décomposent et, éventuellement, on obtient un terreau très fertile qu’on continue ensuite d’alimenter avec des engrais naturels tels les algues recueillies au fond du lac. On y cultive des tomates, des tonnes de tomates, mais aussi de la laitue, des pois, des concombres, du chou-fleur, du chou, du melon etc. C’est assez fascinant de les voir se déplacer en petite pirogue entre les rangs pour y jardiner… et que dire des grandes pirogues chargées à ras bord de grands paniers de tomates filant à toute vitesse sur le lac comme s’il était très urgent de livrer le tout au marché !